Copain

Copain

31 mars 2005-3 décembre 2014

Mon beau Copain (déc. 2014) C'était par un bel après-midi, on était le 25 juin 2005, l'été annonçait déjà ses couleurs avec un 28 degrés . J'étais invité chez une amie pour un BBQ. Tout en prenant un verre de rouge avec elle, je te vois sortir de la haie et tu te diriges vers moi. A cet instant, je te prends et t'installe confortablement sur mes genoux. 'Ah ! Ce qu'il est beau et mignon! ' dis-je à mon amie. Irrésistible boule de poil! Une belle boule de poil d'une blancheur immaculée. Tu venais de prendre un bain c'est certain. Je n'avais jamais vu un chien blanc si blanc. Difficile pour moi de préciser à quelle race tu faisais partie... trop petit encore, mais je sais que tu deviendras un magnifique 'Bichon' par la suite. J'apprends alors que tu habites juste à côté et que ta propriétaire est une vieille dame. Comme je ne voulais pas que celle-ci s'inquiète de ton absence, je te ramène alors chez toi. La dame m'apprend que tu t'appelles Copain, que tu as 4 mois et qu'elle ne sait pas encore si elle te gardera. Je lui fais part de mon intention de t'adopter si jamais elle décide de se séparer de toi. Je suis déjà en amour même si je te connais peu. C'est un véritable coup de foudre ! Eh bien mon Copain! Dix-huit jours plus tard, le 13 juillet, par une magnifique journée, j'allais te chercher. Mon amie me prêta sa cage, elle a des chats, pour que je puisse t'amener en toute sécurité. Et nous voilà partis pour la campagne, c'est là que je demeure. Quelques plaintes en cours de route mais rien de dramatique. Arrivé à ta nouvelle adresse, c'est au tour de Cannelle, le chien de la maison, de faire ta connaissance. Un peu hostile au début, la cohabitation s'est faite assez rapidement. La pauvre Cannelle n'avait pas toujours envie de jouer avec un jeune excité comme toi. Faut dire que tu étais assez exubérant avec elle. Au début, lorsque je m'absentais, j'évitais de vous laisser ensemble toi et elle. J'avais peur qu'il t'arrive quelque chose. Mais après quelque temps, Cannelle avait compris que tu n'étais qu'un chiot et que tu ne représentais aucun danger pour elle. Après cette période, je pouvais partir l'âme en paix et faire mes courses sans m'inquiéter. Et le premier 'dodo' ? Tu te rappelles ? J'avais oublié d'apporter ton petit lit. Alors, 'c'est avec ton nouveau coloc Copain que tu coucheras ce soir' te dis-je. Je te monte sur mon lit et t'installe pour que tu sois à l'aise. Souffrant sans doute d'insécurité en cette première nuit, t'es venu doucement te blottir près de moi sur l'oreiller voisin . A partir de ce jour, tu n'as jamais plus couché seul et moi de même. Puis, comme tu te couchais parfois avant moi, tu avais le choix du côté et tu ne te gênais pas pour choisir. C'est certain qu'il a fallu faire quelques concessions. Je me rappelle que je devais te surveiller pour que tu laisses Cannelle manger tranquille. Sitôt ton plat terminé, tu venais lui voler sa nourriture. Toi, le gourmand, tu bouffais tout. Mais tout le monde, y compris moi, avons su s'adapter assez vite à cette nouvelle réalité. Les excitations des premiers temps ont fait place à une routine plus calme . Plus les semaines passaient, plus tu devenais raisonnable et plus la relation avec Cannelle s'améliorait. Tu devenais un beau et bon chien. La seule chose que tu garderas de ton comportement et qui n'ira pas en s'améliorant même plus tard, c'est cette surexcitation que tu manifestais chaque fois que des gens arrivaient à la maison. Il n'y avait aucun moyen pour te calmer. Puis, si les gens avaient le 'malheur' ou le 'bonheur' de te parler lorsqu'ils entraient.....c'est certain qu'on avait droit à un joyeux pipi, lorsque tu étais encore bébé. Alors je passais le torchon à mon grand désespoir. L'excitation était à son comble. Pas de retenue. Moi, je n'existais plus. Tes 'finesses', tes bisous, tes marques d'affection et j'en passe, tout était centré sur les visiteurs. Fallait surveiller les manteaux, les bas de nylon, les sacs etc... ' avoue que ça me mettait dans l'embarras parfois. Mais j'ai compris que ton amour des gens était plus fort que tout. Un chien super affectueux et un chien dépendant. Avec toi, tout le monde était beau et fin, même ceux qui t'ignoraient, tu les aimais. T'étais un chien 'à humain'. T'étais mon beau Copain. Tu te rappelles aussi des promenades en auto ? Dès que tu me voyais prendre les clefs ou que tu entendais le cliquetis de celles-ci, tu devenais incontrôlable. Alors je te prenais et t'installais sur le siège arrière en prenant bien soin de mettre ton harnais pour ta sécurité et on partait toi et moi. Du rétroviseur, je souriais de te voir si heureux. Quelques fois tu te couchais sur le siège mais pas pour longtemps. Tu avais hâte de savoir à quel endroit nous allions, alors il fallait surveiller. Tu connaissais chaque courbe, chaque bâtiment peu importe la route empruntée. C'est que ces routes, nous les prenions souvent pour aller soit au marché ou bien visiter les amis(es). Quelques kilomètres avant d'arriver à destination, l'agitation commençait. Tu savais dès lors où nous allions. C'était le délire dans la voiture sans parler des nombreuses éraflures laissées sur les portes de l'auto à cause de ton excitation. Copain, je crois bien que ton sens de l'orientation était meilleur que le mien. Souvent au début, lorsque j'avais des courses à faire et qu'il mettait impossible de t'amener, je devais user de supercherie pour partir sans toi. Tu aimais tant cela aller en auto avec moi. Puis, un bon jour, les ballades ce sont espacées, elles sont devenues des moments de stress et d'angoisse. Toi qui aimais tant cela, tu ne voulais plus venir. Tout cela est dû c'est certain à ces visites fréquentes chez le vétérinaire. A cause de ton état de santé, on n'avait pas le choix Copain. Ces visites bien que nécessaires te rendaient bien triste et les ballades n'avaient plus le même sens. Ces ballades si désirées les premiers temps étaient devenues un véritable cauchemar maintenant. Pauvre Copain ! Si tu savais quel supplice j'endurais moi aussi. Je n'avais pas le choix mon 'Grand'. On n'avait pas le choix. Et puis, lorsque je revenais du marché, tu te souviens; tu m'attendais bien sagement à l'entrée. Sitôt à l'intérieur et mes sacs déposés au pied de l'escalier, tu ne perdais pas une minute et ton museau fouinait déjà dans chacun de mes sacs . A chaque sortie, j'avais toujours quelque chose pour toi. Et là je ne parle pas des mini-carottes que tu gobais quotidiennement. Mais je dois dire qu'avant d'obtenir une récompense tu étais très patient. J'avais réussi à te montrer cela. Si je mettais une gâterie par terre et que je te demandais d'attendre avant de l'obtenir, tu étais bien obéissant. Tu t'assoyais bien sagement tout en surveillant l'instant où je donnerais le signal d'y aller. Et si je te demandais de venir prendre quelque chose que je tenais dans les mains ou entre mes dents, tu y allais le plus délicatement possible. Maintenant Copain, il n'y a plus personne qui vient fouiller dans mes sacs lorsque je rentre à la maison. Je n'ai plus personne à qui donner des gâteries. Je m'ennuie de cela mon 'Gros Bichon'. Juin 2012, c'est le déménagement. Après 7 ans de vie paisible à la campagne toi et moi quittons pour aller vivre en ville. Méchante adaptation pour toi mon Copain. La liberté allait en prendre un coup. Libre comme l'air à la campagne, on devra s'habituer à cette 'chose' qui allait nous réunir à chaque sortie, la laisse. Il est évident que nos habitudes allaient changer. Je t'avais envoyé en pension quelques jours avant, le temps de préparer le logement. Je voyais bien que tu étais un peu nerveux à la vue de toutes ces boites.Tu devais te demander pourquoi un tel chambardement. Et le 8 juin après avoir été te chercher chez la gardienne on entrait dans notre nouvelle demeure. On s'est couché tôt. Moi j'étais exténué, toi inquiet et insécure. Malgré tout, tu t'es adapté assez facilement à cette nouvelle vie. On faisait des sorties moins longues mais plus fréquentes. On s'habituait à la circulation et puis tu as compris que chaque voiture n'amenait pas nécessairement des visiteurs à la maison. Alors plus d'excitation pour rien. Tu devenais un peu plus chaque jour un chien citadin. Les années passaient, c'était la belle vie pour nous. Heureux et un peu insouciants tous les deux. Lors d'un examen de routine, on constate que les enzymes de ton foie sont élevées. On reprend les examens quelque temps plus tard mais il n'y a pas de changement. Considérant que c'est un problème sérieux, on nous conseille une clinique spécialisée de Québec pour des examens plus approfondis. La clinique Daubigny est réputée et le personnel compétent. Alors vers la fin d'avril, c'est le rendez-vous à Québec. Après plusieurs tests, Amélie Leclerc, vétérinaire en médecine interne, nous informe que tu as un problème chronique au foie. Un problème sérieux qu'on pourra pallier avec une nourriture appropriée et des médicamens à prendre pour le reste de ta vie. Un peu stressé par cette annonce, je me dis qu'on va s'en sortir. On en a vu d'autres mon Copain. A la fin de cet été, je ne savais pas encore qu'un autre problème, de taille celui-là , nous attendait au détour. Ta santé s'était mise à se détériorer dangereusement. Tu dépérissais de jour en jour. On te soignait à tort et à travers pour une conjonctivite, avec la conséquence, que tu as perdu ton oeil droit Après consultation par-dessus consultations ailleurs, le verdict est tombé. Tu souffrais d'un lymphome agressif. Forme de cancer la plus répandue affectant le système lymphatique et autres organes. Pronostic de survie; 1 mois. Quel choc ! Mais tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir mon Grand. On va de s'en sortir mon Copain. Sous les conseils de la nouvelle vétérinaire, on a choisi le traitement habituel, c'est-à-dire la chimiothérapie. On te prescrit de la 'prednisone' et du 'leukeran' dans le but d'enrayer et de limiter les effets de cette maladie et de prolonger ta vie. On commence ce traitement dès septembre. D'après Claudia, la vétérinaire, ce traitement prolongerait ta vie de tout au plus 5 mois. J'aurais voulu entendre 5 ans mais...... je me dis: 'accrochons-nous à ce cinq mois. Plus tard, à chaque fois que je tournais la page du calendrier, je savais qu'on approchait un peu plus de l'échéance. Mais, l'espoir était toujours là et les médicaments semblaient faire effet. Je ne devais pas toucher au médicament qu'on appelle 'leukeran' et toi mon grand, tu ne devais ne pas le crocquer . Tu devais l'avaler. Pour que ce soit plus facile, j'introduisais la pilule dans un morceau de saucisse. Dès la première fois, tu l'a avalé du premier coup. A partir de là, je savais que ce serait facile pour les jours suivants. J'étais soulagé du moins pour la facilité avec laquelle tu faisais bien cela. Puis, presque à chaque semaine, y avait les visites à la clinique. On devait vérifier si tout allait bien. A chaque fois on sortait toi et moi contents; toi parce que fatigué de te faire examiner de tous les côtés, tu étais enfin libre, moi parce que le moindre signe positif mentionné, me donnait espoir Le 3 décembre, tôt le matin, je m'aperçois que tu n'es plus dans la chambre. En vitesse je monte. Je vois bien que tu es mal en point. Je constate que tu as de la difficulté à marcher, tu ne peux plus t'étendre sur le tapis. J'essaie de te prendre et t'amener prendre l'air dehors mais c'est très douleureux pour toi. Je n'ai le choix, dès 8 heures j'appelle la clinique pour un rendez-vous. Pas de chance, notre vétérinaire n'est libre qu'à 3 heures. On devra patienter jusque là. Entre-temps, une amie est venue. A son arrivée, tu as trouvé la force de l'accueillir avec des petits cris de bonheur. Pour toi, c'est toujours une joie de voir les gens nous visiter. Comme tu ne pouvais descendre l'escalier, tu as attendu quelle monte. Rendue en haut, elle te donna un gros câlin. Même malade tu lui manifesta plein d'affection. T'oubliais ta douleur pour quelque instant. Tout le reste de la journée on s'est occupé de toi. J'aurais souhaité que ta douleur disparaisse mais non. Vers 3 heures on s'est préparé pour le rendez-vous. Je t'ai installé à l'arrière de la voiture bien délicatement à cause de ta douleur. A la clinique, la vétérinaire t'examina et constata que la maladie continuait de progresser. J'ai compris à cet instant qu'il était venu pour toi le temps de me quitter et pour moi, de prendre l'ultime décision, celle de te laisser aller. A travers mes sanglots j'allais t'accompagner mon Copain pour la dernière fois. Je sais que tu es un chien courageux, n'aie pas peur, je suis là . Après un calmant, la vétérinaire t'injecta le liquide qui allait t'amener dans un sommeil dont on ne se réveille plus. Mes mains te carassaient, je ne voyais plus rien à cause de mes larmes, j'aurais voulu partir moi aussi. Quelques instants plus tard, la vétérinaire constata ton décès. Mes mains continuaient les caresses sur ton corps inerte mais chaud. Ma vue, embrouillée par les larmes, avait du mal à regarder. Tu avais l'air paisible, tu avais l'air de dormir. Tu étais parti, tu traversais le ' pont de l'arc-en-ciel'. Je voudrais croire qu'un jour on se reverra. Mon beau Copain tu auras été pour moi un compagnon extraordinaire. Tu vas me manquer mon 'Grand Dépendant ' affectif. Ma vie sans toi ne sera plus jamais la même. L'appartement sera bien grand et bien triste maintenant. Laisse-moi te dire que peu importe le temps tu resteras toujours dans mes souvenirs. Merci mon Copain, merci à la vie de t'avoir mis sur ma route, merci de m'avoir montrer la tolérance et la patience. Jamais je ne t'oublierai. Copain s'est éteint le 3 décembre dernier. Ses traitements l'avaient prolongé de 3 mois.


Gilles Desjardins