Whistler

Whistler

2008-2018

Ce soir, 9 novembre 2018. Les enfants sont couchés. Je suis dans la salle de jeux, et je regarde par la fenêtre. Il neige à plein temps. Ta saison préférée commence enfin, mais sans toi. Une chance, des hivers comme ça, tu en as vus plusieurs. Dix, en fait. J’avais hâte que Jaja et Lou aillent au lit. Parce que je n’en pouvais plus de retenir mes larmes. Expliquer à une petite fille de 3 ans pourquoi maman pleure, c’est plutôt délicat. Surtout que la raison est un peu compliquée pour elle. C’est difficile de comprendre pourquoi ce matin tu étais là, mais que ce soir, tu n’es plus là. Pour toujours. Je me souviens de la première fois que je t’ai vu. C’était à l’animalerie de la place Rosemère. Pat et moi, on venait de se rencontrer. Autant j’avais d’yeux que pour lui, autant tu m’as charmée avec les tiens. Tes beaux cils tout blancs te donnaient l’air si sage. Mon Dieu qu’on s’était trompé! La préposée t’a sorti de ta cage pour qu’on puisse te flatter, et voir si ça « cliquait ». Il n’en fallait pas plus. Tu nous as regardé avec ta face de chiot piteux 7 secondes, et nous étions déjà avec toi en train de te choisir un lit et un jouet. Tu étais notre projet de couple. Notre premier bébé. Mon Whistler. Ton pelage nous faisait oublier ta vieillesse. Mais moi, je savais que l’âge commençait à te rentrer dedans. Tu étais rendu un vieux sage. Parce que tout ceux qui t’ont connu savent que des mauvais coups, tu en as fais. Difficile de croire toutes ces histoires que tu nous as fais vivre. Des moufettes aux chats que tu as littéralement dévoré (mes excuses à tous les voisins que j’ai eu qui n’ont jamais retrouvé leur minet), aux coups de griffes qui ont démolis nos portes et nos murs. Combien de fois nous avons eu peur de ne jamais te retrouver, ou d’avoir à aller te chercher chez Inspecteur Canin, parce qu’encore une fois, tu avais réussis (on ne saura jamais comment, d’ailleurs) à te défaire de ta cabane. On aurait pu t’appeler Houdini, tsé. Tous les jouets « couic-couic » à 20$ que je t’ai acheté, mais que tu détruisais en 2 minutes 37 secondes, parce que ça te rendait tellement heureux un jouet qui faisait « couic-couic ». Sérieusement, si on les comptabilise sur 10 ans, j’aurais un char neuf payé « cash ». Mais j’men fou. Toutes les fois où je marchais avec toi, et que tu tirais si fort que je pensais que tu m’avais déboité une épaule. Tous les lits que tu as mangés... Mon Dieu que ça ne devait pas être beau dans ton estomac. En fait, c’est tu si bon que ça du tissus?!? Oh. Et la fois, en chalet, où tu as sauté dans le lac pour venir nous rejoindre, parce que pour toi, ça ne faisait aucun sens qu’on parte en chaloupe à la pêche sans toi. Tu as quand même faillis te noyer, gros tata. Juste pour être avec nous. On était tellement loin du rivage. Mais tu ne nous avais pas quitté des yeux. Ne t’inquiète pas. Tout ces moments ont vite été oubliés, parce que ceux qui étaient agréables ont pris plus de place dans notre coeur. Merci. Merci car ce matin, quand je t’ai trouvé souffrant dans le garage, tu ne m’as pas mordu. Tu ne m’as pas mordu non plus quand je t’ai pris pour te grimper dans l’auto. Tu me faisais aveuglément confiance. Tu savais que peu importe ce qui s’en venait, j’allais prendre soin de toi, et que c’était probablement pour le mieux. Tu sais, la décision que j’ai prise ce matin, c’était vraiment à contre-coeur. Mais je ne voulais pas que tu souffres une minute de plus. J’ai pensé à toi, et je suis restée collée, jusqu’au dernier souffle. J’espère tellement que tu as pu sentir tout l’amour que j’avais pour toi. Bon voyage Whis Je t’aime.


Carolane et Patrick