Charlie

Charlie

2002-2017

Charlie, mon amour. Quand tu es arrivée, on restait chez papa et maman. Je t'amenais quelquefois faire un tour avec moi dans mon deux pièces séjour. Quand j'ai déménagé dans la « demeure des cascades », bien sûr j'allais t'emmener avec moi. Mais j'allais de nouveau te porter chez maman et papa. Le temps que j'étais partie travailler, ils te gardaient. Et je revenais te chercher le soir pour te ramener avec moi dans ta nouvelle maison. Tu ne voulais pas partir. Jusqu'au jour où ta maman Blue Blue est venue nous rejoindre à son tour. Alors tu ne connaîtrais pas la solitude. Oh mais... ce fut tout un avènement dans ta vie, pauvre chérie... La première fois que je t'ai laissée chez le vétérinaire, je suis allée m'asseoir au cinéma pour pleurer. Tu avais trois mois. Ça me faisait trop pitié cette abstention de pouvoir sur ta vie. Jusqu'à la fin, je ne me suis sentie aucun droit de vie ou de mort sur toi, petit être vivant par la volonté du bon Dieu. J'ai continué de veiller sur toi pour te protéger. Tu avais ta collection de toutous, ta doudou, ton coffre à jouets, un Betta, un pinson, même une mini télévision! un pousse-pousse, un abri moustiquaire, ta petite cabane pour l'été, la villa de Fifi Brindacier! J'étais folle de toi mon bébé. Pour ta première balade en auto, nous nous sommes rendues jusque sur la pointe ouest de l'Île d'Orléans, à Sainte-Pétronille. Tu as miaulé sans arrêt. Pas le temps de nous reposer. Nous sommes retournées presque aussitôt. Le confort et la sécurité de ta demeure était ton plus grand désir ma chérie. Aujourd'hui je suis heureuse de t'y avoir ramenée, sur la rue du Quai, l'été dernier avec maman Blue Blue aussi, et que tout s'est bien passé. J'aurais eu beau vouloir t'offrir monts et merveilles, les meilleures choses pour toi c'étaient ta routine quotidienne, tes repas favoris, de la pâtée de toutes les saveurs, sauf du thon! de la courge musquée de Heinz, des surprises, ton dentifrice aux fruits de mer, ta litière à toi toute seule, propre, propre, tes endroits pour dormir qui variaient au gré de tes fantaisies, comme le dessus de la commode qu'on appelait l'arbre à Picotine, les gâteries, du yogourt, de la confiture, des sucreries, de l'aloès, surtout mille baisers et des câlins, la chaleur de tes couvertures, les attentions spéciales de papa et maman à t'offrir la sécheuse pour coucher ou un sac magique pour réchauffer ta place dans leur lit. Et en plus de ça, une fée marraine Loulou pour venir te garder la seule fois que j'ai voyagé... et le plus extraordinaire, c'est qu'elle a fait le même voyage, mais à l'envers, rien que pour toi! Tellement d'amour, mon bébé. Je t'ai bercée sur des airs de chansons adaptées pour toi et qui portaient ton nom : Au pays de Charlie (Candy). Autant tu avais horreur de l'eau, autant tu te baignais de soleil. Curieuse de tout, des lumières des chasse-neige dans la rue en hiver aux oiseaux et aux écureuils en été, tu adorais profiter du temps chaud pour sortir sur le balcon et t'installer aux côtés de papa, toi la fille à papa! Ton plus grand chagrin est sans aucun doute de l'avoir perdu. Avec ta mémoire d'éléphant, tu guettais encore son retour. À présent tu peux aller faire dodo avec papa qui fait dodo avec le petit Jésus. Ici-bas je te garderai pour toujours avec moi dans ce reliquaire où ta maman Blue Blue viendra te rejoindre encore à son tour. À ma fin dernière, nous resterons encoffrées ensemble toutes les trois. Et papa et maman dormiront eux aussi tout près de nous. Puisse Dieu nous garder pour l'éternité mes amours. Amour toujours.


Lynda Lessard